📖 COMPTE-RENDU CLUB LECTURE DU LYCÉE JANVIER 2025
Célia Samba, La rue qui nous sépare (par Estelle Robin) : Noémie, étudiante et Tristan, SDF, se croisent tous les jours et entre se crée une complicité amoureuse. Mais une telle liaison est-elle possible, lorsque les conditions sociales sont aussi différentes ? Avec La rue qui nous sépare, Célia Samba fait entrer des problématiques sociales dans le genre de la romance, mais ce n’est pas là sa seule originalité. Elle propose aussi, au terme du roman, le choix entre deux « fins ». A chacun(e) de voir celle qui lui semble la plus émouvante, la plus cohérente, la plus vraisemblable.
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Yasmina Khadra, Les hirondelles de Kaboul (par Ysra Lamine) : Années 1990. Kaboul, capitale de l’Afghanistan, est tombée entre les mains des Talibans, des fondamentalistes musulmans. Avec eux, c’est toute une nation qui va sombrer dans la dictature : les femmes seront effacées et les opposants politiques emprisonnés. Même l’amour est condamné. Privée de tout espoir, la ville se retrouve livrée désormais livrée aux histoires les plus sombres… Et pourtant, le roman de Yasmina Khadra est envoûtant, par la force de son écriture et la puissance de son message. Une œuvre devenue un véritable classique.
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Jon Kalman Steffanson, Entre ciel et terre (par Noélie Guillaume) : Entre ciel et terre nous plonge dans une ambiance très islandaise, avec ses pêcheurs de début du vingtième siècle exerçant leur rude métier sur une mer hostile, et l’ombre de la poésie qui plane sur le roman. Bardur, pêcheur aguerri, est aussi un grand lecteur. Mais que va-t-il se passer lorsqu’il va mourir sur son bateau ? Qui pourra prendre la relève ? En conjuguant poésie et philosophie, Jon Kalman Steffanson ressuscite une partie de l’histoire populaire de l’Islande.
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Gotthold Lessing, Nathan le Sage (par Justin Couet) : dans cette pièce en cinq actes, datant de 1779, le grand dramaturge allemand Lessing nous transporte à Jérusalem au temps des Croisades, à la fin du XIIème siècle. Les personnages principaux sont un Juif, un Chrétien et un Musulman. Nathan surnommé (et bien nommé) le Sage, enseignera à ses deux amis que peu importent les rites, il n’y a qu’un seul Dieu, et pour cela il s’appuiera sur la parabole de l’anneau. Une défense du déisme et une pièce dans la droite ligne des Lumières.
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Shelley Read, Va où la rivière te porte (par Amandine Ferrié) : Colorado, fin des années quarante. Après la mort de sa mère, Victoria doit s’occuper de la ferme familiale, flanquée d’un père en deuil et d’un frère qui file un mauvais coton. Et puis un jour, elle rencontre à Iola, la ville la plus proche, un jeune amérindien, Wil, un travailleur itinérant taquin et attaché à sa liberté. C’est le début d’une histoire tourmentée qui mènera le lecteur jusqu’à la fin des années soixante. Une approche originale de l’histoire des Etats-Unis d’après-guerre et un roman ancré dans une nature sublime.
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Stefan Zweig, Le Joueur d’échecs (par Mathilde Cupiac) : Sur un paquebot transatlantique, un homme banal va affronter un grand joueur d’échecs, le face-à -face de deux psychologies bien différentes, la monomanie d’un côté et une forme de folie de l’autre. Zweig unit à la finesse de l’analyse un contexte historique bien particulier, celui de la Seconde guerre mondiale et du nazisme qui se répand à travers l’Europe, un contexte qui rend sa nouvelle inquiétante, voire glaçante. Zweig au sommet de son art.
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Beata Umubyeyi Mairesse, Le convoi (par Annie Malmon) : l’autrice, une franco-rwandaise tutsie qui a réchappé de justesse au génocide dans les années 90, cachée avec sa mère dans un convoi en route pour le Burundi. En racontant cette fuite, elle s’approprie son histoire en même temps qu’elle recherche cette photo parue dans un journal télévisé de la BBC de l’époque, sur laquelle elle apparaît. Un récit qui dépasse la simple évocation des faits, en proposant une réflexion sur comment raconter une telle expérience, et en témoigner.
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Maylis de Kerangal, Jour de ressac (par Antigone Longelin) : comédienne de doublage, la narratrice est contactée un beau jour par la police du Havre : un homme a été retrouvé mort sur la plage de la ville, et dans la poche de son pantalon a été trouvé un papier avec le numéro de portable de cette femme. La voilà convoquée au commissariat du Havre, qui se trouve être aussi sa ville natale et celle de son adolescence. L’intrigue aux airs d’enquête permet de revenir sur l’histoire tragique de cette ville, et de narrer les retrouvailles complexes de la narratrice avec son passé. Où l’on retrouve le style dynamique, presque élastique et à la limite du baroque de Maylis de Kerangal.